Revenue s’installer comme attachée du patrimoine dans son village du Bourbonnais, Ainay-le-Château, après un cursus d’art à Paris, Nathalie Pasquier développe quasi secrètement une pratique picturale où la figure, constamment sollicitée, demeure toujours émergente. Ses peintures à l’encaustique sur de vieilles planches laissent monter au jour, telles des apparitions, des bustes de femmes et d’hommes vêtus comme un autrefois indéfini. La technique irréprochable nous confronte à des visages qui nous évoquent les Portraits du Fayoum, ces portraits funéraires peints dans l’Egypte romaine des premiers siècles de notre ère. Mais sans doute faut-il chercher ailleurs la fascination que les peintures de Nathalie Pasquier exercent sur les rares personnes qui ont pu les voir. Dans cette épiphanie des visages, des yeux nous fixent, à travers les couleurs diaphanes de l’encaustique, des yeux que nous reconnaissons. D’une reconnaissance qui vient de loin, comme l’image dans le tapis dans le récit d’Henry James (The Figure in the Carpet, 1896) ou, plus certainement, comme chez Valéry Larbaud (« L’heure avec la figure », Enfantines, 1918), les visages dans le marbre de la cheminée que les enfants cessent de voir quand ils deviennent adultes : « Heureusement, contre l’ennui, voici la Figure. Elle est facile à retrouver, quand on sait ».